JV et BIB

Du mmorpg en bibliothèque : Dofus à Saint-Raphaël

C’est à Reims, en quittant le congrès de l’Abf que j’ai croisé Franck, de la médiathèque de Saint-Raphaël. Juste avant de vite rejoindre le stand très fréquenté des hybrides, il a le temps de me dire « Eh, ça fait un an que dans notre bibliothèque on joue à Dofus ».
Évidemment, ça méritait un billet sur ce blog et plus d’explications.

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Depuis octobre 2007 la médiathèque de Saint-Raphaël et la bibliothèque de Roquebrune-sur-Argens proposent à leurs adhérents de jouer à Dofus.

Dofus, c’est un mmorpg (Massively multiplayer online role-playing game) développé par Ankama, une société de Roubaix partie de trois fois rien et qui s’est énormément développée en quelques années.

[Mmorpg] signifie Massively multiplayer online role-playing game, Jeu de rôle massivement multi-joueur en ligne. C’est un RPG dont le monde virtuel est persistant, c’est à dire qu’il évolue même si le joueur est déconnecté. Le jeu se caractérise aussi par l’important nombre de joueurs présents en même temps sur la même carte. Le MMORPG le plus connu est sûrement World of Warcraft. (section-n)

Des graphismes fins, détaillés, soignés :

Avant ce billet je connaissais finalement assez peu Dofus: uniquement de nom car je n’y avais jamais joué. Ce matin c’était la bonne occasion (excuse): je me suis créé un compte et l’ai essayé toute la matinée. Graphiquement, je trouve le jeu très beau. Ça fourmille de détails et la maîtrise du dessin en 2D me rappelle un peu la patte de Dan Malone, un graphiste dont j’aime beaucoup le travail réalisé au début des années 90 dans les jeux des Bitmap Brothers comme Cadaver [◎] par exemple, qui adoptait également une perspective isométrique. Presque vingt ans plus tard, la technologie est différente mais je vois un petit quelque chose de parallèle, un point commun entre les graphismes de ces deux jeux, tous deux minutieux et surprenants compte tenu des limites techniques imposées. Les musiques également sont chouettes. J’aime aussi beaucoup le système de combats au tour par tour, qui permet un rythme de jeu plus posé que le temps réel. Le tour par tour c’est un système qui met le jeu en pause tant que vous n’avez pas agi. Appliqué aux combats, ça donne donc un côté plus tactique et moins action. Comme les échecs, si vous voulez : vous ne jouez pas tant que votre adversaire n’a pas fini son tour. Ça permet de réfléchir et ça donne des combats qui tiennent plus de la stratégie que de l’adresse, plus réflexion que réflexes. Bref, c’est pas Mortal Kombat.

Un aperçu du jeu:

Au final je trouve ce jeu tout en flash assez bluffant, et pas uniquement pour son côté multijoueurs. Allez, si vous voulez vous-même tenter l’expérience du jeu, rendez-vous sur dofus.com, on poursuit ce billet en causant bibliothèques.

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Sur son blog medi@zone, le département multimédia de la médiathèque de Saint-Raphaël explique la marche à suivre pour participer :

Tu veux jouer à DOFUS ?
Viens au bureau des inscriptions multimédia.
Présente ta carte d’abonné de la Médiathèque.
Le médiateur multimédia va t’installer et te connecter à un compte Dofus.
Tu garderas toujours le même compte et donc le même personnage.
Tu peux jouer avec ce personnage uniquement en venant à la Médiathèque.
Tu peux venir une fois par semaine en période scolaire et un peu plus pendant les vacances. Tout cela dépendra des places disponibles.

Tu pourras faire des combats contre des monstres, pratiquer ton métier, faire des quêtes… pour augmenter ton expérience et ainsi progresser dans le jeu. L’île Incarnam te permettra de vite passer les premiers niveaux de ton personnage. Nous utilisons uniquement les zones gratuites de Dofus.

Si tu as des questions ou si tu rencontres des problèmes dans le jeu, les médiateurs multimédia sont là pour te conseiller. Tu trouveras sur tous les ordinateurs de la médiathèque, des sites internet sur les personnages, les monstres, les panoplies, les sorts, les métiers…

Un autre billet sur le site donne des conseils pour bien jouer, et plus loin on découvre que ce sont carrément des tournois par équipes qui sont organisés entre Saint-Raphaël et Roquebrune sur Argens !

… [le] plus attendu des tournois, la rencontre finale qui départagera le vainqueur de l’aventure Dofus à la Médiathèque. Votre enfant vient s’entraîner régulièrement et représente l’équipe de votre commune. Un goûter clôturera la rencontre finale le 28 juin avec la présence de nos élus respectifs qui récompensera la participation des jeunes à cette aventure et donner ainsi un sens réel au terme “communauté”.

En voyant tout cela je repense à mon credo : « le jeu vidéo en bibliothèque, pour lui-même ». Alors finalement, est-ce-que ce n’est pas ce qu’on trouve à Saint-Raphaël? Posons directement la question à Franck, responsable du département informatique et multimédia.

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Pourquoi avoir choisi le jeu Dofus?
C’est un jeu de stratégie, pas un FPS (NdL : First Person Shooter, jeu de tir en vue subjective), se déroulant dans un univers d’héroïc fantasy, avec des graphismes et des musiques intéressants et surtout pas mal d’humour : un second degré que les enfants – ados apprécient.

Nous voulions un jeu qui permette de constituer des groupes, pour que les enfants viennent jouer à la bibliothèque ensemble plutôt que seuls à la maison et que les plus expérimentés soient les tuteurs des débutants. Certains enfants ont leur propre compte Dofus à la maison mais viennent tout de même jouer à la médiathèque.

Dofus a été choisi spécifiquement pour la tranche des 8-15 ans mais cette proposition part d’un renouvellement total de notre offre multimédia jeunesse. En octobre 2007, nous avons entièrement renouvelé le parc des 15 ordinateurs (9 pour les enfants et 6 pour les adultes). Nous avons abandonné notre ancien réseau de cédéroms qui fonctionnait sur le produit cd-line d’Archimed pour imaginer une nouvelle interface et des accès à des jeux, des sites ou des services sur Internet. Vous retrouvez cette interface sur le site de la bibliothèque de Saint-Raphaël sous le nom de Zone Numérique Jeunesse : cliquez sur le camion de la page d’accueil.

L’idée principale qui nous a guidés a été de partir des usages actuels des enfants quand ils vont sur Internet. On a lu attentivement l’enquête de Sylvie Octobre sur les loisirs culturels des 6-14 ans (en vente à la documentation française) avant de définir notre projet qui s’adresse à tous les moins de quinze ans… C’est une des rares enquêtes sur cette tranche d’âge, l’enquête d’Olivier Donnat sur les pratiques culturelles ne démarrant qu’à 15 ans.

En parallèle de cette rénovation, nous avons travaillé avec l’équipe jeunesse pour offrir des passerelles vers les CD audio de la section, offert une sélection de DVD à regarder et modifié l’espace de deux façons. Les 9 postes multimédia sont alignés : nous avons choisi de mettre notre poste d’accueil au centre pour accueillir et être plus prêt des enfants ; en second lieu, nous avons créé en partenariat avec l’équipe jeunesse, un coin ado avec mangas, comics, cédéroms, tables et chaises…

D’ octobre à décembre 2007, sur 100 enfants inscrits, 76 sont venus attirés par cette nouvelle offre. Les 8-15 ans sont de loin les plus nombreux à venir. Le jeu Dofus n’est pas le premier usage : ils sont beaucoup intéressés par les vidéos et par le tchat. L’usage de MSN est autorisé. Ce que nous ne faisions pas avant.

Serait-il possible/intéressant selon toi de faire une animation similaire avec un autre genre que le mmorpg ?
Oui on pourrait très bien… il faudrait que le jeu soit très bien construit pour tenir une année. Car le mmorpg a beaucoup d’avantages : il est hébergé sur Internet, il évolue régulièrement à cause du nombre important de joueurs (plusieurs millions pour Dofus !), on peut jouer seulement avec les joueurs de St-Raphaël et de Roquebrune ou bien avec tous…

Dofus est un jeu payant, par abonnement mensuel. Une petite partie du jeu est gratuite. Avez-vous acheté des abonnements ou bien restez-vous dans la zone de démo gratuite?
On reste uniquement dans la zone gratuite ce qui est largement suffisant.

Vous indiquez sur le site « Tu peux jouer avec ce personnage uniquement en venant à la Médiathèque ». Cela signifie que les usagers ne disposent pas de leurs codes d’accès? Pourquoi ce choix?
Oui, cela implique que nous conservons les mots de passe et la gestion des comptes. Nous ne voulions pas que les enfants ennuient les parents pour leur demander de s’abonner à ceci à cela dans le jeu, commander objets et autres fantaisies. Nous ne voulions pas qu’une animation de la médiathèque dégènère en rapport d’argent. L’utilisation des comptes personnels des enfants (créés à la maison) étaient bannis même si certains ont parfois contourné les règles.
En fait, au cours de l’année, nous avons eu un problème. Un des participants a photographié avec son téléphone portable la liste des codes des comptes pendant que l’un d’entre-nous avait le dos tourné ! Cet enfant a ensuite « pillé » les objets récoltés par ses petits camarades. Cela a généré un « conflit » pénible à gérer sur le moment mais intéressant et éducatif avec le recul : nos ados se sont rendus compte que jouer sur Internet pouvait avoir des conséquences fâcheuses en terme de sécurité et de confiance. Pas d’autres conséquences car les comptes que nous utilisions étaient gratuits et tous leurs ingrédients (objets, argent du jeu : les kamas) complètement virtuels.
82 comptes ont été créés et l’avantage de toutes ces inscriptions s’est ressenti dans les autres usages de la bibliothèque. Certains de ces enfants non inscrits précédemment se sont mis à emprunter…
Le jour du dernier combat, tous les enfants recevront leur code d’accès dans une enveloppe. La médiathèque ne sera plus responsable des comptes. Pour l’an prochain, nous proposerons la suite de Dofus : Wakfu qui sort à l’automne…

Vous êtes combien pour animer ces ateliers ?
Six personnes. Nous avons été « initiés » par une collègue de l’équipe qui jouait déjà à ce jeu. Il est important avant de proposer ce type de jeux de les tester. On a fait plusieurs matinées de tests entre-nous et l’animateur de la ville partenaire, tests qui ont été concluants. Les règles de jeu au sein de notre espace ont été définies lors de cette phase. Les enfants nous ont maintenant largement dépassés, à part deux collègues qui continuent à jouer. Mais, finalement, les choses sont tellement cadrées qu’il n’y a pas de problèmes particuliers à signaler. Ce qu’il faut gérer c’est plutôt leur enthousiasme pour ce jeu qui génère pas mal de bruit ! Cet ennemi des bibliothécaires dans toutes ses acceptions !
En octobre, nous avons rapidement modifié le temps de consultation : de 1h par semaine nous sommes passés à une heure par jour. Un logiciel libre de gestion du temps de type cyber-café a été installé pour mieux gérer leurs impatiences. Ce type de jeu développe la faculté de négociation ! Souvent, les enfants débutaient un combat quelques minutes avant la fin de leur temps et donc venaient quémander de précieuses minutes. Nous avons fini par ne plus céder car cela devenait ingérable !

Vous vous y connaissez tous en jeu vidéo ou bien il a fallu organiser des formations internes pour apprendre Dofus aux animateurs ? 🙂
On n’y connaissait pas grand chose en jeu vidéo d’aujourd’hui ! On avait l’expérience des premiers jeux. Les six personnes de l’équipe multimédia (Yann, Erwan, Michele, Anna et Stéphanie – notre spécialiste Dofus – remplacée récemment par Mickael) sont tombées dans l’informatique quand elles étaient petites ! Et on est tous super motivés ! On s’y est mis. On était convaincus, de toute façon, après 8 ans d’expérience d’animation du multimédia qu’il fallait partir sur ce que font nos digital natives avec l’informatique. L’étude de la DEP sur les loisirs culturels des 6-14 ans a achevé de nous convaincre. Son enquête repère des groupes d’enfants et d’usages : statistiques confirmées par les pratiques quotidiennes des enfants !

Est-ce que vous impliquez également les usagers dans la création, la rédaction du blog?
On a eu deux blogs Médiazone : le premier était sur la plateforme over-blog. Les enfants spontanément nous ont proposé des coups de cœur de livres qu’ils avaient lus. Ce blog était surtout utilisé pour avertir les enfants (c’était il y a trois ans !). Problème : nous étions ennuyés par la publicité : parfois nous retrouvions des publicités aléatoires pour des sites de rencontres.
Nous avons donc abandonné cette plateforme et nous avons installé WordPress, libre et gratuit, sur notre serveur de publication du site de la Médiathèque. Nous avons donc éliminé ce problème. Par contre, nous n’avons pas eu de commentaires sur ce blog. Nous ne les avons pas non plus sollicités, le blog servant plutôt de lien.
Mais nous savons que les enfants y vont car nous proposons le service Deezer avec une sélection de leurs musiques ! Souvent, ils se branchent sur le blog pour écouter tout en jouant à Dofus, ou en tchattant. Les récents débats du Congrès de Reims ont bien confirmé cette propriété des digital natives : ils sont multi-actifs et font plusieurs choses en même temps. Ce que nous avons parfois du mal à comprendre en le dénigrant sous l’appellation de lecture zapping donc… superficielle. C’est un concept sur lequel nous devrions réfléchir.

Combien de joueurs avez vous entrainés dans l’aventure ?
On avait prévu 40 comptes. On en a ouvert 82 à ce jour à Saint-Raphaël. Plus de 50 à Roquebrune sur Argens. Même constat à Roquebrune sur l’augmentation des prêts !

Dans la mesure où vous utilisez la version démo gratuite, vous n’aviez pas besoin d’Ankama pour obtenir des comptes. Les avez-vous tout de même contactés pour faire ces ateliers?
Oui on aurait pu créer les comptes nous-mêmes, mais créer 80 comptes aurait été laborieux. Il faut à chaque fois créer une boite aux lettres. Ankama a un système automatique pour les créer. Ça a été plus vite !
Et nous avons signé une convention d’utilisation avec eux. La proposition du jeu a été validée en conseil municipal. Ils nous ont donné les comptes, des affiches…

Cette convention, c’était une nécessité juridique ?
Non, plutôt une volonté d’avoir eu l’aval de notre hiérarchie, et pour qu’elle sache quel type d’animation nous faisons. Il me semble important de contacter l’éditeur pour qu’il soit au courant et ne nous bloque pas l’animation en cours d’année. En plus, ça permet de créer un partenariat : on reçoit en octobre une exposition pour Lire en fête 2008 (celle présentée au dernier salon de la BD d’Angoulême) et nous accueillerons un dessinateur du jeu !

Quel est le coût (temps/matériel/financier) d’une animation de ce genre?
Difficile à estimer car nous ne travaillons pas que sur Dofus mais sur l’ensemble des animations proposées sur les espaces adultes et jeunesse, en liaison avec le site Internet et l’interface que nous développons en jeunesse. On s’est réparti les tâches entre les six membres de l’équipe.

Depuis deux ans, on a pris beaucoup de temps pour réfléchir à ce que nous voulions faire. Quelques matinées pour maîtriser les bases de Dofus.

Et puis, maintenant, chacun apporte sa pierre pour faire avancer l’ensemble. Un collègue est plutôt le webmaster du site alors qu’une autre gère l’interface. On est tous sur le terrain.

Quels sont les ingrédients pour initier et réussir une animation comme la vôtre?
La volonté de l’équipe et son adhésion. Cela demande plus d’énergie et d’implications que de simplement donner accès aux postes en gérant un planning. Une présence active. On en ressort parfois un peu épuisé ! On tourne donc entre les espaces multimédia adulte et jeunesse.

Un ado, ça fait bouger les règles constamment ! Lapalissade rappelée lors du Congrès de Reims. L’équipe multimédia doit se parler, tenir un cahier de liaison pour ne pas être débordée. Il faut dialoguer avec les jeunes et aussi le reste de l’équipe. Il faut accepter qu’une bibliothèque ne soit plus dédiée au silence.

Le côté tournoi de votre dispositif fait bien sûr penser au sport. Une question provocante : que dirais-tu d’organiser du foot en bibliothèque ? De la pétanque? En quoi serait-ce différent de Dofus?
Xavier Galaup l’a récemment proposé sur son blog. Tout est possible ! Ma réponse serait :
pour quel projet ? Quand on analyse ce que proposent les bibliothèques américaines et du Nord de l’Europe, la composante « biblio » a sérieusement bougé. Dans nos bibliothèques aussi d’ailleurs.

Notre idée de base, je le rappelle, était de partir des usages des jeunes de notre bibliothèque. Le projet est conçu sur le territoire local. Notre questionnement, c’était : que font-ils en dehors de l’école ? Pourquoi ne viennent-ils pas à la bibliothèque ? Comment les y attirer ? À quoi rêvent-ils ?

En voyant le succès de Harry Potter, j’ai un peu de mal à croire que nos enfants et adolescents n’ont plus envie de lire, de rêver, d’imaginer… Ils sont en plein dedans, est-ce que le succès de Harry Potter est simplement dû qu’à la qualité du marketing ?

Je crois profondément que c’est juste une question de méthode. La bibliothèque, l’école, les institutions et le milieu de la famille subissent la même crise : celle d’un rejet des arguments d’autorité.
Si nous leurs disons : « voilà les livres qu’il faut lire… Cet auteur est un grand auteur… » , nous éprouvons des difficultés à nous faire entendre. Même si nos collections sont excellentes. Il faut montrer pourquoi nos choix sont plus riches, plus intéressants…

Dofus et nos autres propositions ne sont pas seulement une manière pour les attirer vers le noble livre ! C’est, en premier lieu, se mettre à côté d’eux pour ensuite leur proposer les livres, BD, albums qui nous ont fait rêver. Leur proposer d’autres pistes…

Évidemment, on leur propose des animations tirées de leurs usages pour les attirer (c’est le but caché : les faire venir à la médiathèque !) mais nous respectons ce que nous leur proposons. Ce qui plait aux enfants ne plait pas forcément aux adultes ou aux bibliothécaires. Se mettre à leur écoute n’est pas de la démagogie…c’est pour prendre en compte ce qu’ils font et mieux dialoguer pour dans un second temps leur montrer nos choix. Pourquoi aimer Molière, par exemple, ça pourrait les aider dans leur vie ? Tartuffe, ça existe encore en 2008. C’est un travail sur le long terme. Nous étions jusqu’à présent plutôt des bibliothécaires omniscients, prescrivant une culture légitimée, nous devenons de plus en plus des médiateurs.

Crois-tu qu’il serait possible aujourd’hui qu’une bibliothèque propose des animations simplement pour le jeu lui-même, et pas comme produit d’appel vers les autres collections, vers les supports déjà plus établis?
Je crois qu’il ne faut pas être naïf et rester plutôt modeste. Certains enfants ne viennent que pour jouer sur les ordinateurs. Nous proposons des possibilités. Un jour, l’enfant abordera ou pas, les autres îles présentes dans la bibliothèque. Je crois beaucoup à la rencontre… au passeur…

Pour moi, Internet est un des éléments de la collection, pas un produit d’appel. Certains ont inversé cet axiome, en disant que la bibliothèque était une partie d’Internet. Mais notre métier n’est-il pas de mettre en valeur, de faire la promotion d’histoires, de contes, d’imaginaires qui peuvent aider à mieux vivre, à se détendre, à rêver ? Vous remarquez que je ne parle pas de supports.

On pourrait alors envisager des animations dont le but serait de faire découvrir la variété qui se cache derrière le terme générique de jeu vidéo? Par exemple une animation thématique sur « les jeux et la ville », ou « l’évolution du gameplay des rpg », ou « les jeux français » ?
Oui, les jeux vidéo sont aussi riches que n’importe quel autre média. Ce qui compte c’est le projet et les objectifs liés à ce projet.

Pour finir, une anecdote, un souvenir que tu retiens de cette expérience jusqu’ici ?
Quand nous réfléchissions sur ce renouvellement des propositions du multimédia jeunesse, nous avons pensé à communiquer autrement. On s’était dit : les enfants ne lisent pas le journal local ou le programme des animations de la Médiathèque. On va donc faire un flyer et on va aller le distribuer à la sortie des écoles pour les toucher sur leurs lieux de vies.
En fait, il y a eu une fuite. Un enfant a su que nous allions proposer Dofus. Ça a été une trainée de poudre… On a eu tout de suite plusieurs questions pour savoir la date de début. On n’a pas fait de flyers.

Seconde anecdote : plusieurs parents qui sont venus me voir pour nous remercier de proposer ce jeu à la bibliothèque. Cela leur permettait de gérer mieux l’accès à la maison et aussi de faire un petit chantage : « attention, tu seras privé de bibliothèque, si tu … » Amusant, non ?

Du mmorpg en bibliothèque …
… et de la bibliothèque en mmorpg !

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